Le
Costa-Rica tout entier est encore sous le coup de la douloureuse
impression et du désastre causés par le tremblement
de terre du 30 décembre dernier. Il s'en est fallu de
bien peu, en effet, que sa capitale, San-José, ne fût
entièrement détruite.
Pendant tout le mois décembre, une série de légères
secousses presque quotidiennes indiquait un travail latent des
volcans de de l'Irrazu, de Barla et de Poas, qui avoisinent
San-José.
Le 29, à
huit heures, une première secousse se fit sentir. A quatre
heures du matin, toute la population endormie était réveillée
en sursaut par un véritable cataclysme.
Rien ne peut
donner une idée de l'effet lugubre produit par les clameurs
et les cris de détresse.joints aux craquements sinistres
des maisons qui s'effondraient. Dès le lever de l'aurore,
chacun pouvait se rendre compte de l'étendue du désastre,
et on colportait de bouche en bouche le nombre des victimes,
heureusement très restreint. Quelques heures plus tard,
des télégrammes' reçus des différents
points de la République ont appris que bien peu de localités
avaient été épargnées. Celles qui
ont le plus souffert se trouvaient dans le voisinage du volcan
de Poas, dont l'éruption est cause du tremblement de
terre en question.
Le gouvernement
de Costa-Rica a dirigé vers ce volcan une expédition
scientifique conduite par M. le professeur Pittier, directeur
de l'observatoire de San-José.
Bien que le rapport de ce savant conclue en faveur d'une tranquillité
momentanée des volcans des Cordillères, la panique
générale est loin de disparaitre, et la population
presque tout entière de San-José continue à
camper sur les places publiques et dans les campagnes.
Les gravures
que nous publions aujourd'hui, d'après des photographies
prises sur le lieu du sinistre, permettront à nos lecteurs
de se rendre compte de la violence des secousses et des désastres
qui en ont: été la conséquence. Sous les
ruines d'une seule maison (fig. 3), six personnes, dont on n'a
pas retrouvé les cadavres, ont été englouties.
Les églises ont fort souffert: l'Alajuelita surtout,
et la cathédrale, dont l'intérieur s'est effondré.
C'est naturellement, au milieu de toutes ces ruines, la classe
pauvre qui, est la plus éprouvée, et le gouvernement
a dû donner à beaucoup de gens le matériel
nécessaire pour établir des campements en plein
air.
Nous publions aussi
une vue du cratère actuel du volcan de Poas, envahi par
des boues sulfureuses qu’il rejette par intervalles à
des hauteurs atteignant jusqu’à soixante mètres.
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